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d’environ 135,000 âmes, dont 15,000 seulement dans le Haut-Canada, et dans ce chiffre la population anglaise entrait à peine pour 10,000 âmes. La population franco-canadienne s’était doublée tous les trente ans, depuis 1679, par le seul excédant des naissances sur les décès. Voici d’ailleurs la gradation suivie : En 1679, 9.400 âmes ; en 1720, 24,400 ; en 1734, 37,200. Il n’y eut d’interruption à ce doublement trentenaire que pendant la période qui s’écoula entre 1734 et 1765, à cause des guerres qui remplirent cette période et de l’émigration en France qui suivit la conquête. À partir de 1763, la population avait repris son mouvement ascensionnel si remarquable.

Si incomplète et si partiale que fût la Constitution de 1791, elle fut accueillie et fêtée par la plupart des Canadiens français comme le présage de jours meilleurs. Un banquet fut organisé à Québec sous les auspices du « Club constitutionnel » qui venait de se fonder dans cette ville.

« Nous nous réjouissons, dit le président, de ce que cette province, après avoir été, depuis la conquête, victime de l’anarchie, de la confusion et de l’arbitraire, prend enfin cet équilibre heureux, dont l’harmonie générale doit être le résultat. Nous nous réjouissons de ce qu’en donnant des enfants à la patrie nous aurons la douce satisfaction de lui offrir des hommes libres. Le nouvel acte qui règle cette province est un acheminement, j’espère, à quelque chose de plus avantageux pour elle. La politique a mis la première main à cet ouvrage ; la philosophie doit l’achever[1]. »
  1. Gazette de Montréal, de Mesplet, citée par Garneau.