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nie d’Haldimand faisait litière de leurs libertés les plus élémentaires et de leurs droits les plus légitimes.

Dans le même temps, le vaste territoire sur lequel ils avaient les droits de premiers occupants ou tout au moins de premiers pionniers, était envahi sur plusieurs points, par l’immigration des « loyalists » américains, venant s’établir chez eux pour rester sous les plis du drapeau anglais. Ils s’établirent, par petites bandes d’abord, puis par colonies plus nombreuses sur le golfe Saint-Laurent (Nouveau-Brunswick actuel) sur le bord du lac Champlain, dans plusieurs cantons du Haut-Canada et même dans certaines parties du Bas-Canada. « C’était là, dit Rameau, le premier pas de l’immigration anglaise, qui devait lutter contre le développement ultérieur de la race franco-canadienne, le modifier et le circonscrire. Sans cette circonstance, suite fâcheuse de la Révolution américaine (et nous ajoutons, nous : suite fâcheuse de la conduite des Canadiens ou plutôt de leurs conseillers en cette conjoncture), les Anglais, à qui les cultures des réfugiés loyalistes révélèrent le Haut-Canada, fussent demeurés longtemps encore sans tenir aucun état de ces régions septentrionales et sans songer à y diriger aucun colon. Il est probable alors que les Franco-Canadiens eussent occupé, dès le commencement du dix-neuvième siècle, par leurs émigrations et par le développement des groupes déjà installés en ces régions, une grande partie de la fertile presqu’île qui forme aujourd’hui la province d’Ontario[1]. »

Oui, sans doute ; cela nous apparaît comme l’évi-

  1. La France aux colonies, p. 135. Pourquoi l’écrivain qui voit si justement l’effet, se trompe-t-il si grossièrement sur les causes