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goutte de sang, car une fois expulsés du pays, les Anglais n’y seraient jamais revenus. Les colonies confédérées s’engageaient à recevoir les Canadiens dans leur alliance en leur réservant la faculté de se donner telle forme de gouvernement qu’ils jugeraient convenables, pourvu qu’elle fût républicaine et qu’elle admît la liberté de conscience ; en d’autres termes ils auraient eu le droit de se gouverner eux-mêmes à leur gré, sur la base du principe électif, suivant leurs anciennes lois ou suivant de nouvelles ; en un mot, le Canada eût formé un des États de l’Union, dans laquelle il serait entré comme pays indépendant. Au lieu de cela, qu’a-t-on eu, disent-elles amèrement ? Le gouvernement despotique de 1774 dans lequel on a admis quelques Canadiens français par pure politique ; la constitution de 1791, avec une législation à trois branches, sur deux desquelles les Canadiens n’ont jamais eu d’influence, puisqu’elles étaient à la nomination de la métropole, qui conserva dans la réalité tout le pouvoir ; le régime de l’Union en 1840, avec la restriction de leurs droits politiques, afin de les mettre en minorité et, on l’a reconnu publiquement, d’anéantir leur race ; et, dans cette longue période d’asservissement, d’injustice et d’humiliation, le personnel de l’exécutif a toujours été étranger et hostile aux Canadiens. Voilà ce que nous avons eu pour avoir repoussé la liberté et l’indépendance nationale.

« À ces reproches, d’autres donnent pour réponse qu’il n’y avait pas de sûreté à prendre des engagements avec un peuple en insurrection et dont la cause était loin d’être gagnée ; que, malgré ses promesses, il n’était pas prudent pour des catholiques d’origine française de se fier à un congrès anglais et protestant, qui venait