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troupes « provinciales ». Maître de ces deux positions importantes, le général Montgomery, qui commandait ces troupes, marcha droit sur Montréal et fit occuper Sorel et les Trois-Rivières.

Carleton, jugeant impossible de défendre Montréal s’enfuit en toute hâte vers Québec ; encore fut-il obligé sur sa route, de prendre, pour s’échapper, les habits d’un paysan. Lui parti, les habitants de Montréal ouvrirent leurs portes au général Montgomery, et les faubourgs surtout manifestèrent vivement leurs sympathies pour le mouvement révolutionnaire. La ville des Trois-Rivières suivit l’exemple de Montréal. À Québec même, où Carleton s’était réfugié, la population était partagée en deux camps, le clergé et l’aristocratie locale tenant pour le gouvernement de l’Angleterre, tandis que les artisans et les petits marchands sympathisaient ouvertement avec l’insurrection. Carleton parvint cependant, en s’appuyant sur le premier de ces partis et en obligeant les suspects de sortir de la ville, à maintenir Québec dans l’obéissance à la couronne. Ce dernier boulevard restait donc à la puissance anglaise. Bientôt, un millier d’Américains, aidés d’un contingent de Canadiens, parurent devant les murs de la ville. Montgomery l’investit complètement, et il eût réussi sans doute à la prendre, s’il eût eu en mains les moyens de faire un siège en règle et de prolonger l’investissement. Mais bientôt la disette, la petite vérrole, les rigueurs de l’hiver et la désertion de beaucoup de Canadiens, froissés du rôle secondaire qu’ils jouaient dans les rangs américains, firent des brèches sensibles dans son armée. Montgomery se décida à risquer une attaque générale de la place ; mais