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Avant l’arrivée des émigrés de la Nouvelle-Angleterre, le nombre des Acadiens demeurés dans les limites de l’ancienne Acadie, était d’environ mille sept cents en 1768, et, grâce à ce renfort, ce chiffre se trouva dépasser deux mille quatre cents. Nous verrons, dans l’avant-dernier chapitre de cet ouvrage, à quel point cette population, si faible encore au point de vue numérique, s’est accrue depuis lors par le seul mouvement ascendant de la natalité et par l’excédent remarquablement constant des naissances sur les décès. Longtemps l’Angleterre a pu les dédaigner et même ignorer leur existence. Ils forment aujourd’hui, ils formeront plus encore dans quelque cinquante ans (car leur nombre se double, par sa propre fécondité, tous les vingt ou vingt-cinq ans), un véritable peuple avec lequel il faudra compter, autant par intérêt que par équité.


Quoique cela nous fasse sortir de l’Amérique du Nord, il n’est pas hors de notre sujet de dire ici quelques mots de la tentative de colonisation que le gouvernement français voulut faire à cette époque dans l’Amérique du Sud, dans la partie de la Guyane qui porte le nom de Guyane française.

Depuis la tentative de La Villegagnon au Brésil (voir au chapitre Ier de cette histoire) aucun essai sérieux n’avait été fait pour donner corps aux anciens projets d’une « France antarctique ». L’idée de coloniser les rives de l’Oyapock s’offrit à l’esprit du ministre Choiseul au moment de la signature du traité de Paris, en 1763. Pour « réparer » la perte du Canada et conserver à la puissance française un pied solide en Amérique, ce ministre se prit à caresser l’étrange dessein