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planté, où tant de vaillance, tant d’abnégation, tant de fermeté avaient été dépensés pour le maintenir et le rendre glorieux.

L’article 2 de ce néfaste traité portait ce qui suit : « Le roi de France renonce à toutes les prétentions qu’il a formées ou pu former autrefois sur la Nouvelle-Écosse ou Acadie, en toutes ses parties, et la garantit tout entière, avec toutes ses dépendances, au roi de la Grande-Bretagne. De plus S. M. très chrétienne cède et garantit à S. M. britannique, en toute propriété, le Canada avec toutes ses dépendances ainsi que l’île du Cap-Breton et toutes les autres îles dans le golfe et dans le fleuve Saint-Laurent, sans restrictions et sans qu’il soit libre de revenir, sous aucun prétexte, contre cette cession et garantie, ni de troubler la Grande-Bretagne dans les susdites possessions. »

De tout cet immense territoire qui s’étendait du banc de Terre-Neuve aux montagnes Rocheuses ou même à la Mer Vermeille comme on désignait alors l’Océan Pacifique, la France ne garda rien, que deux petites îles, voisines de Terre-Neuve, Saint-Pierre et Miquelon[1], avec un droit de pêche sur les côtes Est et

  1. Encore le traité stipulait-il l’interdiction pour la France de les fortifier. Mais le traité de paix conclu à Versailles en 1783, après la guerre de l’Indépendance des États-Unis, supprima cette clause restrictive, en sorte que la France recouvra la pleine propriété de ces deux îlots, avec le droit de les fortifier et d’y établir une force militaire. Telle est encore la nature du droit exercé aujourd’hui par la France sur ces deux pêcheries qui, après avoir été prises deux fois par les Anglais en 1793 et en 1803, après la paix d’Amiens, sont définitivement rentrées sous la domination de la France en vertu du traité de Paris, du 30 mai 1814. Depuis la reprise de possession qui a eu lieu seulement au commencement de 1816, les expéditions de pêche ont repris leur ancienne activité dans ces deux îles dont la popula-