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Malgré leur victoire, les Anglais n’avaient pas forcé les murs de Québec, et la ville eût pu tenir longtemps encore contre leurs efforts, si la résolution des chefs et des habitants avait été à la hauteur de celle du général qu’ils venaient de perdre. Mais le chevalier de Lévis, à qui revenait la succession de Montcalm, était malheureusement absent à ce moment, ayant été détaché précédemment avec 800 hommes sur le lac Champlain. En apprenant la défaite et la mort de M. de Montcalm, il fit diligence pour revenir à Québec. Mais, avant son arrivée, l’armée et le gouverneur, M. de Vaudreuil, avaient décidé d’évacuer Québec pour se retirer à Jaques-Cartier, et le commandant, M. de Ramesay, qu’on avait laissé dans la ville, avec dix-sept cents miliciens démoralisés, avait jugé à propos de capituler sans même attendre une attaque en règle[1]. Il fut stipulé que la garnison serait embarquée pour la France, que les habitants conserveraient leurs biens, leur religion, et ne seraient point « transmigrés » comme les Acadiens. (18 septembre 1759.)

Si quelque chose peut excuser le parti que le découragement et la peur conseillèrent alors aux habitants de Québec et qui entraînèrent M. de Ramesav, c’est bien le tableau suivant, que trace M. Dussieux, de la détresse et de l’infortune où nos malheureux colons étaient alors parvenus : « Québec et ses environs

    calm a été élevé à Québec, en 1827. (Voir plus loin, à la description de cette ville, à l’avant-dernier chapitre). Montcalm et Wolfe, ces deux adversaires si dignes l’un de l’autre, se trouvent ainsi rapprochés dans la gloire comme ils le furent dans la mort.

  1. Les instructions de M. de Vaudreuil lui ordonnaient, il est vrai, de « ne pas attendre que l’ennemi l’emportât d’assaut », mais encore eut-il dû tenir jusque-là.