Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion de deux partis dans la colonie ; difficulté de faire la guerre dans un pays immense, sans routes et sans autres moyens de communications que des rivières coupées de sauts (cataractes) et de rapides ou des lacs que la violence des vagues rend souvent impraticables aux bateaux ; tels sont les thèmes ordinaires et trop justifiés des doléances de M. de Montcalm et de ses aides de camp.

Malgré les tristesses de cette situation, malgré la faiblesse et le dénuement de son armée, malgré la rigueur du climat à laquelle une partie de ses troupes n’était pas habituée, Montcalm eut tout l’avantage des combats pendant la première année de la guerre (1756).

Son principal objectif dans cette campagne, fut le fort Chouegen ou Oswego, sur le lac Ontario, que les Anglais occupaient avec 1,800 hommes. C’était la position la plus avancée des Anglais au-delà de la chaîne des Alléghanys, et celle qui portait le plus d’ombrage à notre prétention de posséder tout le terrain au-delà de cette chaîne. M. de Montcalm, par une diversion habile, feignit de vouloir presser les Anglais sur le lac Champlain, et il put amener 3,000 hommes contre Chouegen sans que l’ennemi eût eu vent de ses mouvements. Les forts, brusquement et rudement assaillis, se rendirent après quelques heures seulement de résistance et lorsqu’ils n’avaient encore perdu que 150 hommes. Cette prompte capitulation étonna Montcalm : « Je ne reconnais plus les Anglais, dit-il ; il faut croire qu’une fois transplantés, ils ne sont plus les mêmes qu’en Europe. » Plus de seize cents prisonniers, cinq drapeaux, cent treize bouches à feu, cinq bâtiments de