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de Coligny, de Henri IV et de Sully, en quelles mains étais-tu tombée !…

On ne pouvait pourtant pas laisser le Canada absolument sans secours. Le gouverneur, M. de Vaudreuil, demandait à cor et à cri des renforts, et M. Doreil, le commissaire des guerres, revenu de son optimisme depuis la défaite de Dieskau, écrivait, que la colonie « couroit les plus grands risques », et que sa situation exigeait « de prompts et puissants secours. »

En réponse à ces pressants appels, le roi se contenta d’envoyer deux bataillons des régiments de la Sarre et de Royal-Roussillon, soit ensemble un millier d’hommes, ce qui porta à un peu moins de 4,000 hommes le chiffre de notre armée régulière eu Canada. Le marquis de Montcalm fut envoyé prendre le commandement général de ces troupes en remplacement de M. de Dieskau et, quoiqu’il n’eût que le titre de maréchal de camp, on lui donna les fonctions et l’autorité de lieutenant général des armées du roi.

M. de Montcalm était né en 1712, au château de Candiac, près de Nîmes, et appartenait à une des grandes familles du Rouergue. Il était entré au service dès l’âge de 13 ans, et comptait donc à ce moment 35 années de services. Il s’était battu avec une rare bravoure en Allemagne, en Bohême et en Italie, avait reçu trois blessures à la bataille de Plaisance (1746) et deux autres à l’affaire du col de l’Assiette. Il était bien le général qu’il fallait pour conduire une guerre comme celle qu’il allait faire, guerre de surprises et de manœuvres rapides, demandant surtout de l’action et de l’au-