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fit la feinte un moment, ou d’envoyer de fortes armées en Amérique, la France perdit son temps et ses forces à envahir l’électorat de Hanovre, patrimoine personnel du roi d’Angleterre, Georges II, et pendant que nos forces allaient se dépenser dans cette guerre où nous allions bientôt nous heurter à l’épée de Frédéric II, les Anglais, beaucoup moins soucieux du Hanovre que de leurs colonies, allaient avoir libre carrière pour attaquer les nôtres et fortifier leur domination maritime. L’imbécillité de Louis XV, excitée par la vanité de la Pompadour, allait jeter la France dans la néfaste guerre de Sept-Ans, et consumer, sans profit et sans gloire, le plus clair de ses forces dans ces interminables guerres d’Allemagne où il s’agissait de défaire maintenant au profit de l’Autriche ce que nous avions fait de nos propres mains, dans la campagne précédente, quand nous aidions la Prusse à conquérir cette Silésie que nous voulions maintenant lui reprendre.

Mais ne fallait-il pas venger les injures de la fille de Poisson, que Frédéric II appelait impertinemment « Cotillon », et reconnaître les aimables procédés de Marie-Thérèse qui écrivait à la maîtresse du roi : « Ma cousine » ? Le pimpant cardinal de Bernis, l’abbé dameret et bel-esprit que l’infante de Parme honorait de ses faveurs, tandis que Frédéric II se moquait justement de ses vers insipides, n’avait-il pas aussi des motifs personnels de nous jeter dans une guerre contre le roi de Prusse ? Qu’étaient, à côté des graves intérêts de ces réputations susceptibles, les menaces suspendues sur l’Inde, sur le Canada, sur le Sénégal, sur les Antilles françaises ?… Ah ! pauvre France de Jeanne d’Arc,