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même les plus faibles, même les plus opprimées, ne meurent jamais, au moins tant qu’elles sont gardées par ce doublee bouclier de la moralité et de la justice.

Pendant que les Anglais commettaient, en Acadie, un acte si barbare et si contraire au droit des gens, leur principal général, Braddock, éprouvait, dans la vallée de l’Ohio, un échec sanglant et honteux. Le général Braddock avait tenu à prendre en personne le commandement de 2,000 hommes qu’il dirigeait contre le fort Duquesne. À trois lieues du fort, après avoir passé la Monongahéla, son armée rencontra, le 9 juillet, les troupes françaises commandées par M. de Beaujeu, et composées en tout de 600 sauvages et de 250 soldats ou miliciens du Canada. M. de Beaujeu mit ses Canadiens, tous adroits tireurs, au centre et déploya en demi cercle ses sauvages aux deux ailes. Le combat s’engagea et dura cinq heures ; nos tirailleurs firent reculer l’armée anglaise, malgré son artillerie. Braddock battit en retraite, en désordre, et fut ensuite blessé à mort. La retraite fut bientôt changée en déroute, et les sauvages, chargeant avec furie, massacrèrent impitoyablement les fuyards. Plus de la moitié des Anglais, 13,000 hommes, restèrent sur le champ de bataille ou furent noyés dans la Monongahéla. « Nous avons été battus, — écrivait Washington, l’un des survivants, — battus honteusement par une poignée de Français. » De notre côté, nous ne perdîmes pas plus de quarante hommes, parmi lesquels le commandant, M. de Beaujeu, qui fut tué dès le commencement de l’action et