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velle de l’irruption des Français en Acadie et des déprédations commises par nos corsaires à Terre-Neuve et ailleurs, et de toute part, des milices avaient été levées pour la défense du sol. Sur ces entrefaites, le bruit de désordres qui se produisaient dans la garnison de Louisbourg (désordres trop réels et qui avaient leur source dans les malversations de Bigot, le commissaire-ordonnateur de la place et de quelques officiers, ses complices), fit concevoir au gouverneur du Massachussets, un avocat du nom de Shirley, le plan d’une entreprise des plus hardies, mais que l’événement ne justifia que trop complètement. Il ne s’agissait de rien de moins que de prendre Louisbourg, dont la renommée publique avait fait une forteresse presque imprenable et qui l’eût été en effet, au moins pour la force qui s’avançait, contre elle (4,000 colons, laboureurs, ouvriers, conduits par un marchand, Pepperel) si la garnison avait été plus nombreuse ou si, même avec son chiffre de 600 soldats, elle n’avait pas été à l’avance démoralisée par les dissensions auxquelles nous avons fait allusion et qui mettaient aux prises, dans une défiance mutuelle, officiers et soldats. La sédition durait encore quand l’ennemi se présenta : il arrivait (30 avril 1746) fortifié par une escadre de quatre vaisseaux de guerre envoyée d’Angleterre sous les ordres du commodore Warren et qui, bloquant Louisbourg du côté de la mer pendant que les Anglo-Américains l’attaquaient par terre, devait contribuer puissamment au succès de l’entreprise.

À l’approche des Anglais, le gouverneur, Duchambon, fit un énergique appel au patriotisme des soldats et réussit à faire rentrer les séditieux dans le devoir :