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vrai que la Louisiane a été, depuis lors, perdue pour la France, mais la cession qui en a été faite aux États-Unis par Napoléon n’a pas rompu les liens d’affection des plus vieilles familles louisianaises avec l’ancienne métropole, et la langue, les arts, les traditions de la France ont encore un asile sacré dans des quartiers entiers de la Nouvelle-Orléans, de Mobile, d’Iberville, de Plaquemine, de Bâton-Rouge, de Saint-Louis et de mainte autre localité dont les noms attestent assez l’origine toute française.

Les efforts qui furent faits dans le même temps, pour s’établir solidement dans l’île du Cap-Breton, sont une autre preuve que le gouvernement de la Régence eut l’intelligence nette des vrais intérêts de la France, quoiqu’il ait manqué de la persévérance qui seule permet aux grandes entreprises de réussir.

Le traité d’Utrecht qui nous enlevait l’Acadie et Terre-Neuve et livrait ainsi l’entrée du Canada aux Anglais, nous avait du moins laissé les îles du golfe Saint-Laurent : l’île Saint-Jean, aujourd’hui île du Prince-Édouard, les îles de la Madeleine, Anticosti, les îles de Saint-Pierre et de Miquelon et la plus importante de toutes, l’île du Cap-Breton ou, suivant le nom qu’on lui assigna alors, « l’île Royale ». La position de cette dernière île nous offrait un moyen de protéger encore contre les Anglais l’accès du Saint-Laurent et les communications entre Québec et la métropole. Dès l’année 1706, l’intendant Raudot avait, dans un mémoire circonstancié, appelé l’attention du ministère sur l’importance et les avantages de cette île, comme entrepôt du commerce entre la France et ses colonies