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textiles et de tant d’autres matières premières. Mais les vues économiques du temps n’étaient pas pour la suppression des entraves en matière de colonisation et, pendant longtemps encore, la Nouvelle-France dut rester tributaire de la métropole pour tout ce qui regardait la plupart des objets de consommation et d’habillement.

La paix conclue avec l’Angleterre et maintenue pendant trente ans, de 1713 à 1744, devait favoriser, semblait-il, l’essor de nos colonies. Il était temps encore de les asseoir sur un pied solide, car si nous avions perdu une grande ligne de côtes, il nous restait les deux grandes artères fluviales d’Amérique, le Saint-Laurent et le Mississipi. Armer et protéger solidement l’entrée de ces fleuves, s’étendre sur leurs deux rives, s’établir solidement dans le voisinage de leurs sources, dans ce qu’on appelait les Pays d’en Haut, et pour lutter contre la supériorité numérique des Anglais, envoyer un peuple de colons, tel était le programme indiqué de notre politique coloniale.

On fit bien quelque chose dans ce sens, mais combien au-dessous de ce qu’il eût fallu ! Le plus grand effort du gouvernement de la Régence fut pour l’île du Cap-Breton et pour la Louisiane. On sait combien l’histoire de cette dernière colonie est intimement liée, à l’époque où nous sommes parvenus, au nom et au « système » de Law. Nous n’avons pas l’intention de refaire ici l’histoire si connue de l’engouement fantastique, puis des désillusions cruelles qui suivirent la grandeur et la décadence de la trop fameuse « Compagnie des Indes. » Nous ne retiendrons que ce qui touche à l’impulsion que la colonisation de la Louisiane reçut de la