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Ovide, lieutenant du roi à Plaisance, n’avait sous la main que quarante-quatre soldats, auxquels s’adjoignirent 125 hommes : habitants, matelots et sauvages. Avec cette petite troupe déterminée, il vint, au cœur de l’hiver, assiéger Saint-Jean et, à force d’audace, réussit à s’emparer des forts et à faire la garnison prisonnière (1er janvier 1709). Mieux secondé, Saint-Ovide eût pu assujettir, dans cette campagne, l’île toute entière ; mais on craignait de dégarnir Plaisance et il dut se contenter de démanteler les forts de Saint-Jean et de revenir à Plaisance, chargé d’un butin considérable.

Ces succès de nos troupes eussent assuré pour longtemps la sécurité des colonies françaises dans le nord de l’Amérique si la métropole n’avait pas été, à ce moment, sous le coup des défaites qui marquèrent la fin du règne de Louis XIV et qui la mirent à deux pas de sa ruine.

Tandis que M. de Vaudreuil et M. de Subercase s’épuisaient à demander à la France de faibles secours qui ne leur arrivaient jamais, les Anglo-Américains faisaient, de leur côté, entendre à l’Angleterre des doléances à qui les événements assuraient plus de chances de succès. « Nous ne pouvons penser, — disait une adresse de l’assemblée de New-York à la reine Anne, en 1709, — nous ne pouvons penser sans les plus vives appréhensions au danger qui menacera, avec le temps, les sujets de Sa Majesté dans ces contrées ; car si les Français, après s’être attaché graduellement les nombreuses nations indigènes qui les habitent, tombaient sur les colonies de Votre Majesté, il serait presque impossible à toutes les forces que la Grande-Bretagne pourrait y porter de les vaincre ou de les réduire. » Pour soutenir ces représentations, le co-