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Nous autres, nous n’en usons pas de même : il nous faut de puissantes raisons pour rompre un traité que nous avons une fois signé. » M. de Vaudreuil, comme on le pense bien, félicita les Indiens de ces sentiments et leur demanda d’y persévérer.

Leur neutralité, nous l’avons dit, protégeait la Nouvelle-France du côté du sud et de l’ouest ; aussi le fort de la guerre se porta-t-il dans les provinces maritimes[1].

Les gens de Boston, effrayés et irrités des ravages des Abénakis de Saint-Castin, préparèrent, pendant tout l’hiver de 1703 à 1704, une grande expédition contre l’Acadie. Leur flotte se composait de 22 vaisseaux, et les troupes de débarquement furent placées, au mois de mai 1704, sous le commandement du colonel Church, le plus habile partisan de la Nouvelle-Angleterre. Ce grand effort n’aboutit qu’à faire quelques prisonniers et à brûler quelques maisons du rivage ; à Port-Royal même M. de Brouillan, qui avait remplacé M. de Villebon comme gouverneur, fut assez heureux pour arrêter, — avec le concours de deux corsaires embossés sous le canon de Port-Royal, — l’effort des Anglais et les obliger à se rembarquer. En somme la flotte anglaise retourna à Boston sans avoir pu occuper solidement aucun poste. Les prisonniers français faits dans cette expédition furent échangés, peu de temps après, contre un

  1. Il y a lieu de signaler pourtant deux expéditions que les Français du Canada dirigèrent par terre contre la Nouvelle-Angleterre et qui causèrent de grands dommages à ce dernier pays. En 1704, Hertel de Rouville, après avoir pris et détruit le fort de Deerfield, ravagea tout le nord du Connecticut et, en 1705, une autre colonne s’empara du fort Haverhill.