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tentative, d’ailleurs infructueuse, contre Plaisance. Une autre tentative dirigée, en 1703, contre le manoir de Saint-Castin fut vaillamment repoussée par ce dernier, soutenu par ses Abénakis. Devenus agresseurs à leur tour, ceux-ci s’emparèrent du fort de Casco, dont la garnison anglaise fut obligée de capituler et de se racheter par une forte rançon[1].

Cependant le gouverneur de Québec, M. de Callières prévoyant que les hostilités allaient prendre plus de gravité, écrivait à la cour de Versailles qu’on acheminât sans retard vers l’Acadie une émigration assez nombreuse pour défendre cette colonie et en assurer la possession à la France. La cour promit, mais, pour le malheur de la France et de l’Acadie, ne tint point sa promesse ou la tint mal ; car c’est à peine si, de 1701 à 1709, 80 colons nouveaux, venus pour la plupart de Rochefort, allèrent s’établir en Acadie.

M. de Callières mourut d’ailleurs sur ces entrefaites, avant d’avoir pu presser l’exécution de ses désirs (26 mai 1703). Il eut pour successeur le marquis de Vaudreuil qui, comme lui, avait commencé par être gouverneur de Montréal et qui fut, comme lui aussi, nommé à la demande des colons. Un des premiers soins du nouveau gouverneur fut de consolider la paix de Montréal et de prévenir les intrigues des Anglais, qui cherchaient à détacher les Iroquois de notre alliance. Dans les pourparlers qui s’engagèrent à cette occasion, le chef de la tribu des Onontagués fit cette loyale et fière réponse : « Les Européens ont l’esprit mal fait ; ils font la paix entr’eux et un rien leur fait reprendre leur hache.

  1. Beamish. p. 265. — Rameau.