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Le trop court intervalle de paix dont l’Amérique jouissait au moment où nous sommes parvenus, fut mis à profit pour un essai de coloniser la Louisiane qui, depuis la malheureuse expédition de Cavelier de la Salle, et tant qu’avait duré la guerre de la Ligue d’Augsbourg, avait été absolument négligée par la France. C’est encore à Lemoine d’Iberville que fut due la reprise des efforts en vue d’asseoir la suprématie de la France sur toute la vallée du Mississipi. À son retour de la baie d’Hudson en 1697, il proposa au ministère de reprendre les projets formés sur la Louisiane ; M. de Pontchartrain agréa ses offres et fit armer pour lui deux vaisseaux à Rochefort. Après une escale à Saint-Domingue, d’Iberville vint mouiller, au mois de janvier 1699, en vue des côtes de Floride où les Espagnols s’étaient établis et avaient fondé le poste de Pensacola. Il reconnut la baie de la Mobile, l’île Dauphine et entra enfin, le 2 mars, dans le Mississipi, dont l’embouchure perdue au milieu de terres basses, couvertes de roseaux, avait jusqu’alors échappé à tous les navigateurs.

D’Iberville revint en France et fut nommé gouverneur général de la Louisiane. Il repartit aussitôt, prit de nouveau possession du pays au nom de la France (1700), et fit construire, dans la baie de Biloxi, entre le Mississipi et la rivière Mobile, un fort destiné à protéger la nouvelle colonie. Une vingtaine de Français canadiens, venus par terre des Illinois, furent établis dans ces lieux avec quelques autres de leurs compatriotes qui avaient suivi d’Iberville. Le site choisi n’était pas précisément favorable à l’établissement d’une colonie agricole, car le climat y est brûlant et le sol sa-