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du fait de Cavelier de La Salle, comme l’avait voulu insinuer M. de la Barre, mais du fait des Anglais, qui excitaient secrètement les Iroquois contre nous.

La paix qui régnait alors entre la couronne de France et l’Angleterre des Stuarts, n’empêchait pas les Anglais d’Amérique de nous disputer l’Acadie et la haie d’Hudson, et de nous susciter partout des embarras. Une grande guerre était imminente ; bien heureux si nous n’avions contre nous que les cinq nations iroquoises ! Encore les forces de la colonie étaient-elles à peine suffisantes contre le danger de ces Indiens. Le dernier recensement fait en 1679 n’avait donné que le chiffre de 8,500 âmes pour la population du Canada, et ce chiffre avait encore baissé depuis cette époque. Les fonctionnaires de la colonie, convoqués en conseil par le gouverneur, décidèrent qu’il y avait lieu, à raison de l’attitude menaçante des Iroquois, de prendre contre eux l’offensive, mais qu’il fallait pour cela des renforts de la métropole. On écrivit donc au roi pour le supplier d’accorder encore deux ou trois cents soldats et mille ou quinze cents engagés volontaires qui cultiveraient les terres pendant que les habitants seraient sous les armes.

Louis XIV envoya les soldats, mais la demande de nouveaux colons resta sans réponse. « Et pourtant, écrit Garneau, c’était dans le temps même où les Huguenots sollicitaient comme une faveur la permission de venir s’établir en Amérique, promettant de vivre en sujets paisibles à l’ombre du drapeau de leur patrie, qu’ils ne pouvaient cesser d’aimer… De quel avantage, poursuit le même et judicieux historien, n’eût pas été une émigration faite en masse et compo-