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les histoires plus étendues du Canada, dans l’ouvrage de M. Roux de Rochelle sur les États-Unis, et surtout dans les travaux publiés de M. Margry, qui a réuni avec un soin jaloux tous les documents qui lui permettaient de reconstruire la vie aventureuse de Cavelier de la Salle. Un court sommaire indiquera seulement ici les phases de cette expédition. Après avoir obtenu du marquis de Seignelay, fils de Colbert, nommé ministre de la marine à la mort de son père, la cession du fort Cataracoui ou fort Frontenac (emplacement actuel de Kingston, sur le lac Ontario), Cavelier de la Salle partit de La Rochelle dans l’été de 1668, avec trente hommes, marins et ouvriers, et des marchandises pour la traite des Sauvages. Arrivé à Québec, il s’achemina aussitôt vers son fort de Cataracoui et en repartit bientôt à la tête d’une expédition imposante. Son navire était le premier qui fendit les ondes du lac Ontario, et lorsqu’il arriva à la tête du lac, près du Niagara, les Sauvages de ces quartiers restèrent longtemps dans l’étonnement et l’admiration devant ce navire couvert de sa haute voilure blanche, tandis que les Français, qui n’avaient pas vu la chute du Niagara, ne pouvaient cacher, de leur côté, leur profonde surprise à l’aspect de ce grand fleuve se précipitant d’un seul bond dans un abîme de cent soixante pieds, avec un bruit qui s’entend à plusieurs lieues de distance[1]. » La Salle bâtit, près de cet endroit, un ouvrage palissadé, qui s’appela fort Niagara, et ne pouvant remonter, avec son navire, au-delà de la cataracte, construisit un autre vaisseau pour la navigation du lac Érié. Le Griffon

  1. Garneau, p. 240.