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s’était persuadé, écrit Garneau, qu’il ne pouvait errer dans ses jugements s’il agissait pour le bien de l’Église, doctrine qui menait loin, et il entreprit des choses qui auraient été exorbitantes en Europe[1]. » Les Jésuites, qui avaient conduit l’affaire de la nomination de l’evêque et qui avaient réussi à constituer le nouvel évêché comme indépendant du roi de France et du Parlement et dépendant seulement de Rome, les Jésuites, disons-nous, déplaisaient particulièrement à M. de Frontenac, qui eût voulu les exclure de toute participation aux affaires du gouvernement. « Car après avoir eu tant de peine, écrivait-il au ministre, en 1672, à leur ôter la connoissance et la direction des affaires, serait-il à propos de leur fermer une porte pour les laisser entrer par une autre ? D’ailleurs, les prêtres du séminaire de Québec et le grand vicaire de l’évêque sont dans leurs dépendances ; ils ne font pas la moindre chose sans leur ordre ; ce qui fait qu’indirectement ils sont les maîtres de ce qui regarde le spirituel qui, comme vous savez, est une grande machine pour mener tout le reste. » — « J’ai témoigné aux Jésuites, écrivait-il encore à Colbert, l’étonnement où j’étois de voir que de tous les Sauvages qui sont avec eux à Notre-Dame-de-Foye, il n’y en a pas un qui parlât français, et leur ay dit que, dans leurs missions, ils devoient songer, en rendant les sauvages sujets de Jésus-Christ, à les rendre aussi sujets du roi : que pour cela il leur falloit inspirer l’envie d’apprendre notre langue, essayer de les rendre plus sédentaires, et leur faire quitter une vie si opposée à l’esprit du christianisme, puisque le véritable

  1. Histoire du Canada, t. I, p. 172.