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HISTOIRE DU CANADA

teurs au Parlement, leurs conseils généraux et municipaux. La zone des plantations et des défrichements a été de beaucoup élargie, et l’on peut prévoir qu’un temps viendra où la charrue ; des colons conquerra de vastes espaces sur le désert et où les palmiers arrosés par l’eau des puits artésiens, que creusent partout nos ingénieurs, feront reculer le Sahara. En attendant, une longue ligne de chemin de fer court de l’ouest à l’est et, quand la voie entre Ménerville et Sétif sera achevée, mettra en communication les frontières du Maroc avec le golfe de Tunis, en projetant dans la direction du sud saharien de nombreux embranchements. Des projets gigantesques : création d’une mer intérieure dans le bassin des chotts, chemin de fer transsaharien, attestent qu’au moins par l’audace de leurs ingénieurs, les Français sont les dignes héritiers des vainqueurs de Carthage.

Carthage n’est encore aujourd’hui, comme au temps de Marius, qu’un monceau de ruines ; mais sur son emplacement et sur toute la contrée qui l’environne flotte désormais, grâce à la décision du gouvernement républicain, le drapeau de la France. Il était dans la force des choses et dans la nécessité de notre situation en Afrique que l’Algérie française entraînât un jour ou l’autre la Tunisie dans son orbite, l’expédition qui a assis notre protectorat sur toute la régence de Tunis s’est faite presque sans coup férir et sans sang verser. L’empire de l’Afrique du Nord nous est dès à présent assuré, et dès à présent aussi cette nouvelle France d’Afrique, en y comprenant sa part du Sahara, fait plus que doubler, en superficie, la vieille France d’Europe.

Même impulsion sur les côtes du Sénégal. Nos pauvres comptoirs, si longtemps décriés, de Dakar et de Saint Louis, deviennent, en projet du moins, et seront quelque jour, il faut l’espérer, les têtes de ligne d’un réseau de routes de fer et d’eau qui amèneront sur nos navires et par eux en Europe