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les dissensions intestines qui entravèrent encore les développements de la colonie, c’est à partir de cette époque, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, que le Canada va prendre une importance réelle et commencera à entrer comme un facteur sérieux dans les préoccupations de la France, dans les calculs ou dans les convoitises de l’Angleterre.

Le voisinage sur les côtes d’Amérique, des deux grandes nations si souvent en lutte pour l’hégémonie de l’Europe, l’absence de frontières assurées entre les colonies voisines, les prétentions rivales des explorateurs, des marins et des militaires des deux empires, tout prédestinait la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre à des conflits et à des chocs sanglants.

En 1656, le Français Jean Bourdon pénétrait jusqu’au fond de la baie du Nord, déjà reconnue par l’anglais Hudson et prenait possession de ces rivages au nom du roi de France. Mais les Anglais invoquaient là les droits du premier occupant, et ils ne s’en laisseront pas déloger sans protester et s’en revenir à la charge. « La rivalité des deux nations pour posséder la haie d’Hudson fut plus vive qu’on ne le supposerait d’abord : la vivacité de la lutte s’explique cependant, lorsque l’on fait attention que les Anglais voulaient dès lors nous enfermer dans les terres et occuper toutes les mers, tandis que notre intérêt, était de donner à la colonie toutes les issues qu’elle pouvait avoir, aussi bien sur les mers glacées du Nord que sur le golfe du Mexique[1]. »

  1. Dussieux. Le Canada sous la domination française, 2Me  éd., p. 48.