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le titre de Conseil souverain de Québec, une cour de justice de dix à douze membres, chargée de régler tous les différends, tant commerciaux que civils, et de prendre la place des juridictions plus ou moins arbitraires et temporaires qui s’étaient jusqu’alors chargées de ce soin. On fit de nouveaux efforts pour peupler le Canada qui ne comptait encore, à ce moment, que 2.000 ou 2.500 âmes en toute population. Les mêmes vaisseaux qui conduisirent au Canada M. de Mézy et qui y ramenèrent M. de Laval, emmenaient en outre quelques officiers et quelques troupes. Trois cents colons, dont quelques femmes, partirent de La Rochelle la même année (1663) ; mais soixante-quinze ayant été laissés à Terre-Neuve, et une soixantaine étant morts durant la traversée, qui fut particulièrement rude et longue au point que les provisions manquèrent, il n’en débarqua guère plus de cent cinquante à Québec. Malgré l’insuffisance des colons, l’aire des défrichements s’étendait, et plusieurs seigneuries s’établissaient sur les deux rives du Saint-Laurent. Mais on n’était pas au bout des fautes de conduite. C’est ainsi que M. de Mézy s’étant brouillé pour des raisons de préséance avec le fougueux Laval, qui remplissait les fonctions d’évêque de Québec, en attendant qu’il en eût le titre, le conseil du roi sacrifia ce gouverneur aux rancunes de ses anciens protecteurs. C’est ainsi encore que, malgré l’expérience funeste qu’on avait faite des grandes compagnies, le roi constitua, au bénéfice de la Compagnie des Indes-Occidentales, fondée en mai 1664, un immense monopole commercial dans lequel toute l’Amérique française fut étreinte. Néanmoins, malgré les erreurs économiques, les fautes d’administration et