Deux ouvriers lèvent aussitôt la pièce
de laine, je vois… grand Dieu ! les
cheveux me dressent encore d’épouvante…
je vois l’infortuné Durand,
étendu sous la presse, que je viens
d’étrangler par une corde attachée au
levier. Sur sa poitrine est un papier,
où j’ai gravé moi-même ces mots :
mort, damnation pour les traîtres !
jusqu’au dernier instant de ma vie,
ce spectacle affreux sera présent à
ma mémoire ; en ce moment-même,
il me glace, et me donne une fièvre
ardente. Je devins insensée ; je saisis
dans mon délire le levier, j’écartai
tout ce qui m’entourait ; mais succombant
bientôt au nombre, à la fatigue,
à l’horreur, je fus liée et remportée
dans ma chambre.
On me laissa deux jours pour me remettre de cette catastrophe horrible : jours affreux pendant lesquels