tablettes étaient alors couvertes des
apprêts de mon repas ; mais je n’écoutais
plus que ma fureur. Sans doute il
voulut me calmer, puisque le tuyau
souffla : ces mets vont changer. Je
voulus, sans trop m’en rendre raison,
en faire l’expérience, et je mangeai
avec avidité. D’ailleurs les tourmens
physiques et moraux des jours précédens,
après m’avoir d’abord réduite
aux abois, me faisaient éprouver
une faim dévorante. Je me trouvai
mieux après le dîner. Mes idées
étaient moins sombres. Je songeais à
Ernest ; mais sous un rapport qui me
fait rougir aujourd’hui. Ce n’était point
son absence, ses torts à mon départ,
son insensibilité qui me frappaient ;
je ne voyais que ses traits, ses formes
enchanteresses… Mes yeux erraient
avec délices, sur les plaines de la Pologne ;
mes bras y cherchaient avec
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