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chose de revoltant de la part de m.r Parangon : cependant il a-falu tout eſſuyer, car je ne pouvais ſortir de ma cachette ; ét de bon-cœur j’aurais-maudit ma curiosité, ſi ce n’eſt que cela va m’apprendre à connaître Ceux qui m’environnent, ét m’empêchera par-la-ſuite d’être la dupe de leurs grimaces.

Dès que je me-ſuis-vu libre, j’ai-couru prendre-l’air dans le jardin des Cordeliers, nos voisins. Je m’y-promenais en-rêvant : un Religieus, qu’on nomme le p. D’Arras (ét qui eſt mon Confeſſeur) eſt-venu-m’accôter. C’eſt un Homme à la fleur-de-l’âge, qui me-paraît conſommé dans la piété ; ſa converſation eſt toute-édifiante : il m’a-montré de l’amitié, m’a-fait mille offres de ſervices, ét cela, mon Pierre, avec une politeſſe qui me-mettait à mon aise avec lui ; on aurait-dit que je l’aurais-obligé en-acceptant. Il ſ’eſt-beaucoup-informé de notre Famille, de nos moyéns, de mes talens naturels, ét de ma façon-de-penſer ; il a-paru trèsſatiſſait de la manière dont je lui ai-repondu, ét m’a-fait-promettre de le voir ſouvent, plutôt comme Ami, que comme Pére-ſpirituel. Il m’a-enſuite-parlé peinture, ét m’a-dit que ſes Amis aſſuraient qu’il excellait dans l’art qui en-eſt le plus-voisin ; c’eſt-à-dire le deſſin ét la gravure. Il m’a-mené dans ſa chambre, pour me-faire voir de ſes Ouvrages, publiés ſous le nom d’un celèbre Artiſte de Paris. Ce qui m’a-bién-flaté ; car il me-ſera très-utile d’avoir une telle Connaiſſance. Sa converſation m’a-remis du baume