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dois aler voir ma Mère, ét que le temps de mon abſence ſera-mis à-profit. Entendons-nous enſemble ; je vous demanderai pour me-donner le bras juſque chés nous, ét vous ne ſortirez pas d’ici. Voila la cléf de mon cabinet-à-coucher ; vous-vous y-introduirez adraitement, ét delà vous verrez… des choses qui vous étonneront, ét qui m’ont-indignée, unjour que le hasard m’en-rendit temoin, bién-malgré-moi -!

Ici notre converſation a-été-interrompue par l’arrivée de m.r Parangon ; ét je ſuis-venu ſur-le-champ te-l’écrire, de crainte d’en-oublier quelque-chose… Il m’appelle : J’acheverai tantôt…

C’était pour me-faire rendre’une Lettre à m.lle Manon, qu’il boude, ſans-doute ; car elle était en-haut. Elle a-voulu que j’attendîſſe la Reponſe. Elle a-cependant-ri, en-lisant la Lettre, ét davantage encore, en-me donnant la Reponſe. Je n’ai jamais été ſi-curieus…

Je viéns d’avoir un entretién avec Tiénnette : j’ai-beaucoup-parlé de m.lle Manon ; elle me-repondait peude chose : je continuais toujours ; à-la-fin je crais qu’elle ſ’eſt-impacientée, car elle m’a-dit : — Mondieu ! que j’aime votre manière-de-voir ! ſi tout le monde l’avait, nous ſerions tous heureus, ou tranquils aumoins : hièr encore, que de jolies-choses ne m’avez-vous-pas-dites d’Edmée ! aujourd’hui c’eſt m.lle Manon : Une-autre penſerait que vous êtes peu-ſolide dans vos inclinations ; moi, je vous felicite, ét je dis