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elle a-caché ſon visage dans ſes mains, ét je crais qu’elle a-ſoupiré) ; cette Tiénnette,… (a-t-elle-repris).. — Je ſais, Mademoiselle (ai-je-dit), qu’il a-fait à Tiénnette des propositions… — Oui : mais ce que vous ne ſavez pas, Monſieur, c’eſt qu’il a-ſeduit cette pauvre Fille, ét qu’il l’a-tirée de chés ſes Parens à leur inſu ; ce ſont de pauvres Gens, mais ils n’auraient-pas-ſouffert une pareile infamie : il ſut la recevoir à ſon arrivée, ét il l’avait-logée à l’Image-Saintjacques, où elle fit-ſemblant de ne pas le connaître : ils paſſèrent la nuit enſemble, avec toutes les precautions neceſſaires pour ſauver les apparences. Cette Fille trompe neanmoins ſon Corrupteur ; ét ce Loiseau, qui la ſuit partout quand elle ſort, eſt le favori. (Je n’ai-pu cacher ma ſurprise, chèr Aîné : Tiénnette ne m’a-pas-conté ſon hiſtoire de cette manière) ! Elle en-écoute Deux, ét je crais, les trompe également. (Ô ciel ! cela ſerait-il vrai)… Elle vous aurait-écouté vous-même, ſi vous aviez-voulu….. (C’eſt cela, que je la trouvais ſi-bonne-fille !) Si vous pouviez un-moment douter de ce que je vous dis, il ſerait-aisé de vous en-convaincre par vos propres ïeus. — J’accepte la proposition, mademoiselle (ai-je-repondu) ; car j’aime à voir le vice demaſqué. — Croyez, monſieur, que ſans de fortes raisons, je ne detruirais pas cette pauvre Fille dans votre eſprit ; je compte d’ailleurs abſolument ſur votre diſcretion : apprenez qu’aujourd’hui je