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ſieur-le-Curé. Tu ſais ce que c’eſt : Oh ! mon Pierre, quel plaisir j’ai-eu ! Je m’étais-bién-donné-de-garde de me laiſſer nommer Curé ; c’eſt m.r Loiseau qu’on a-pris à mon refus ; ét il a-falu que la jolie petite bouche d’Edmée me tutoyât. Toutes les fois que j’avais à repondre, c’était elle que j’appelais : Partagée entre la crainte de mettre un gaje, ét la timide pudeur qui l’empêchait de me dire un mot trop-familier, elle hesitait, rougiſſait ; mais avec tant de grâces !… Mon pauvre Pierre ! je n’y-pouvais tenir ! Mais je n’y-étais pas encore ! On a-rendu les gajes ; ét moi, qui en-avais-mis tant ét tant y il m’a-falu faire mille-choses qu’on m’a-commandées. Je n’en-ſouhaitais qu’une : Enfin mes desirs ont-été-ſatiſſaits. C’était à la Sœur d’Edmée à m’ordonner : — De trois choses en-ferez-vous une ? Une, volez en-l’air : deux, prenez la lune avec les dents : trois… ma-foi, je ne fais que trouver… embraſſez Edmée. Il m’a-pris comme un éblouiſſement à ce mot ; en-te l’écrivant, mon cœur bat encore ; tous mes membres tremblotaient de plaisir en-me-levant ; en-preſſantla tâille d’Edmée, en-colant ma bouche ſur ſes joues plus-douces, plus-vermeilles que la feuille de rose, mon cœur ſe-fondait. Ah ! quelle agreable haleine ! c’eſt comme le ſouffle des premiers ſolaires du printemps. Elle n’a-plus-osé lever les ïeus ſur moi tout le reſte du temps qu’a-duré le jeu. Oh ! que cette petite honte