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une grande reserve, en-parlant à m.lle Manon. Heureusement pour moi, m.r Parangon n’a-pas-vu notre entretién d’un bon-œil ; il eſt-venu l’interrompre, ét m.lle Manon n’a-pu cacher ſon depit : ſa mauvaise-humeur eſt-retombée ſur Tiénnette (dont tout le monde louait les grâces ét la modeſtie, quoiqu’elle fût-mis en-Morvandaise, dont l’habit eſt-unpeu-écourté : mais c’eſt qu’elle était ſi-jolie !…) elle lui a-demandé, qui lui avaitpermis de venir à l’apport ? M.r Parangon a-repondu pour elle, que c’était lui, M.lle Manon ſ’eſt-mordu les lèvres, ét nous a-tourné le dos. J’en-ai-été-charmé, ainſi que Tiénnette ét m.r Loiseau ; ét nous-nous sommes-depêchés de rejoindre Edmée ét ſes Compagnes. Tous ces Ruſtauds que nous avions-d’abord-vus auprès d’elles, y-étaient-revenus, J’ai-demandé à la Sœur d’Edmée, ſi c’était ces Garſons qui les avaient-amenées à l’apport ? « — Nous n’avons-pas-besoin qu’on nous amène (m’a-t-elle-repondu) ; nous venons bién toutes-ſeules : nous les connaiſſons, parce qu’ils ſont de la petite rue Saint-germain ; mais nous n’avons-jamais-fait de partie avec des Hommes da » ! Cela m’a-fait plaisir. J’ai-proposé à Tiénnette de nous éloigner de la Foule, ét de nous amuser à de petits jeux. Nous-nous ſommes-eſquivés de ces Importuns, qui vénaient de boire copieusement ; ét dans un endrait écarté, le plus-joli-du-monde, nous avons-joué à mons-