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tenancé, qu’elle ſ’en-eſt-aperçue ; elle m’a-demandé ce que j’avais ? J’ai-repondu unpeu mauſſadement, — Rién. — Vous avez aumoins de l’humeur ? — Ah. ! Tiénnette ! — Un ſoupir ! — Moi, ſoupirer ! — En-rougiriez-vous ? — Oui, j’en-rougirais, ſi… — Mais vous êtes-bién-ému, monſieur… quelques rebuffades, peutêtre ?… Edmond ! qu’eſt-ce que cela, auprès de ce que je ſouffre | — Mais je n’ai rién ! — Tenez, ce que vous fait m.lle Manon vous tiént au cœur ; mais il y-a Quelqu’un qui le fait, ét qui fera-ceſſer-toutcela. — Peu m’importe, ſi cé que j’ai-vu-… Tiénnette ne m’a-pas-compris : m. Manon l’a-juſtement-appelée, ét je ſuis-ſorti. Cette Fille eſt la prudence même ; elle en-ſait beaucoup aſſurement ; ét neanmoins elle ne dit rién ; elle n’aime ni à-medire, ni à-penetrer les ſecrets des Autres… Voila m.lle Manon qui me fait-appeler auſſi : J’en-reſte-là pour aujourd’hui ; demain je reprendrai.

Dimanche-matin,
7 ſeptemb.

Suite.

Je continue de me-confeſſer à toi, mon Pierre. M.lle Manon eſt bién-fourbe ! (ſupposé que ce ſait-elle qui fût avec m.r Parangon, comme je te le contais hier) : Crairais-tu qu’elle m’a-fait cent-fois plûs d’amitiés que jamais ? Comme elle eſt-hardie ! Il eſt vrai qu’elle n’a-garde de ſe-douter que j’aie des ſoupçons, ét que j’aie-rién-vu ni entendu ! mais elle ſait, elle, ce qu’elle a-fait ; ét je crais, moi, qu’une Fille comme