Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans-peu, vous ferez un joli Cavalier — ! Oh ! Pierre ! je ne l’aurais-jamais-crue ſi-bonne ! Quel plaisir elle m’a-fait ! Au Village, on ne fait pas tourner une ſeule de cés jolies choses-là ; ét bién-qu’on ſ’y-faſſe connaitre qu’on ſ’estime, ét qu’on ſe-le-dise quelquefois, jamais on ne ſ’y-loue. Je m’aperçois que par-tout les defauts ſont-compenſés par des qualités, ét le mal par le bién. J’étais loin de m’ennuyer avec m.lle Manon, qui venait de poser ſa main ſur la miénne, quand m.r Parangon a-paru. Elle l’a-retirée bién-vite ; mais il l’avait-vu ; il nous a-regardés d’un air ſombre ét grimaud, en-me-disant d’aler travailler dans l’attelier.

Je crais que je pourrai me faire à la Ville : tout ce qui m’y-avait-deplu » ne demande qu’à être-vu d’un certain côté : mais je me figure pourtant que ſi les Filles de notre Village avaient unpeu de l’art de Celles des Villes, on ſerait encore plus-heureus chés nous. Je voudrais bién qu’on mît notre chère Urſule en-apprentiſſage ici, comme elle le desire, ét comme nous en-avons-parlé : elle eſt-jolie ; ét je penſe que quand elle aurait les manières, ét ce qu’on appelle dans le beau-monde, les grâces, elle l’emporterait ſur les Demoiselles qui paſſent pour les mieux de la Ville d’Au★★, ét qu’elle pourrait : y-trouver un Parti, ſans-comparaison plus-avantageus qu’à S★★. Preſens là-deſſus nos chèrs Père ét Mère : j’y-ſuis-doublement--