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charmés d’avoir de tes nouvelles ; ét que du-depuis que tu n’es plus à Saci, nous n’avons plus de divertiſſemens ; ét que ma Mère pleure tous les jours de ne te plus voir ; ét quant à nos Frères, nos Sœurs ét à moi, il nous-ſemble qu’il y-ait dix-ans que nous ne t’avons-vu. Il faut pourtant prendre-courage, mon pauvre Edmond ; car on dit qu’il n’y-a que les commencemens qui coûtent : ét quant à ce qui eſt de Nous-tous, nous voudrions-bién que tu fûs ici ; mais notre Père dit que ça n’eſt pas ton avantage ét ça nous conſole unpeu de ce que tu n’es plus avec nous. Et pour quant à ce qui eſt de ces Gens de Villes, il ne faut pas que ça t’étonne, ni te faſſe-peine : prens-patience ; car quand tu ſauras ton metier de Peintre, tu ne dependras plus de Perſone : C’eſt un bel-ét-bon metier, malgré le proverbe, quand on y-eſt habile : car ton Maître eſt riche, ét tous les Seigneurs des Châteaus des environs veulent l’avoir ; ét il a-dit comme ça à notre bon Père, quand il lui parla à V★★★, qu’un Peintre de Portugal, qui ſe nommait Avelar, avait-acheté les maisons d’une rue toute-entière dans la ville de Liſbonne, qui eſt comme une eſpèce de Paris, ét que ce Peintre avait-fait-changer le proverbe ; car on dit apresent dans la ville de Liſbone, » Riche comme le Peintre Avelar » ; ét qu’il n’y a que les Débaûchés qui ſont gueus ét miserables : Or tu ne l’es pas, toi,