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mon Frère ! il la va-manger ! Mais Edmond pleurait, ſans faire un pas. Moi, je voulais-courir, ét ne le-pouvais : ét je criais ::: Urſule ! Urſule ! défens-toi !… Ét il me-ſembla que ce n’était-plus un Loup, mais un Homme ; ét qu’Urſule le careſſait, pendant qu’Emond aſſis, tournait-le-dos. Et voila que toutacoup cet Homme étant-redevenu loup, il avait-étranglé Edmond ét dévoré Urſule… Je n’ai-pas-foi aux rêves, mais je rapporte celui-là, pour ſa triſte convenance à pareil jour.

Je n’en-dirai pas davantage ; ét c’eſt a-présent les Lettres du Frère ét de la Sœur qui vont faire leur hiſtoire.

 
J’ai-appris de Nicolas-Edme-Reſtif, mon compatriote, que grandnombre de Perſones à la Ville, avaient-été-ſcandalisées de certains détails de perverſion, qu’on a-trouvés, ét dù-trouver dans les deux Recueils ici-reünis : Ne ſerait-ce pas que ces détails reſſemblent à la ſonde, douleureuse aux parties malades, inſenſible aux faines ? Ce que je puis dire, c’eſt qu’ils ont-, non-ſcandalisé, mais ſalutairemente-effrayé les cœurs innocens dans ma Famille, ét dans noscampagnes : ſi-bién que Je-crais que c’eſt plutôt le vice decouvert qui ſ’eſt-plaint, que la vertu bleſſée.