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rait-ſi-fort-d’envie d’aler à la Ville, que huit-jours après la premiere Lettre où Edmond en-parlait, ſ’étant-présenté un Joligarſon, fort-riche ét unpeu de nos Parens, qui ſ’ouvrit à-moi du deſſein qu’il avait de demander Urſule, je lui en-fis la confidence à elle la-première : Mais comme elle ſavait que le Jeunehome était-aimé de notre Père, ét qu’il l’avait-maintefois-desiré pour gendre, elle eut-peur qu’il ne fut-écouté ; c’eſt-pourquoi elle me pria les mains-jointes, de n’en-dire-mot chés nous, ét de repondre au Garſon, qu’il n’y-avait rién à-faire pourelle. Ce que je-fis, par la grand’envie que j’avais de l’obliger.

Àlafin, Edmond la demanda toutdebon, au-nom d’unedigne ét reſpectable Famme : ét jamais je n’ai-vu d’auſſi-grand contentement, que celui de cette pauvre Victime, qui alait audevant du couteau-de-l’affliction ét du poignard-du-malheur levés ſur elle !… La propre nuit de ſon depart (qui fut avant le jour), il me-ſembla que je voyais Edmond ét Urſule garder notre troupeau, ét qu’un grand Loup étant-venu prendre la plus-belle Brebis, Edmond les bras-croisés, le-conſideroit en-riant, pendant qu’Urfule le-voulait empêcher ; qu’alors le Loup l’emporta ellemême : ét je criais à Edmond, :: Cours-donc après !