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elle en-adonné l’exemple toute ſa vie à ſes Filles, mes trèsaimées Sœurs.

Ét amesure qu’Urſule grandiſſait, elle devenait deplusenplus aimable ét gentille, même de-caractère ; ſibien qu’elle fesait nos delices à tous : car elle etait-bonne, obligeante, prévenante, ét elle ſe-fut-privée de ſon néceſſaire pour le donner, Auſſi Chaqu’un l’aimait-il, aupoint qu’elle était aumilieu de nous, comme une petite Reine, qu’on craignait de mécontenter, Ét pareillement en-était-il d’Edmond : c’étaient les deux biénaimés, nonſeulement de Père-ét-Mère, mais de Frères-ét-Sœurs : ét encore-que nous viſſions-bién tous qu’ils étaient-plus-aimés que les Autres, acause de leurs gentilles faces ét minois agréables, qui ne permettaient de leur-parler comme à nous, ſi eſt-ce pourtant qu’Auqu’un n’en : fut jalous, ſentant que c’était une juſtice qu’on leur-rendait ; mais nous-cherchions à-gagner leurs bonnesgraces : ét ce qu’il y-avait de bon, c’eſt qu’ils ne-ſ’en-prévalaient pas ; au contraire, ils étaient d’autant-plus-accorts envers nous-tous, que nous les recherchions davantage : ét quantà ce qui me regarde enparticulier, tout-fetés qu’ils étaient, ils ne-me-parlaient qu’avec-reſpect comme àleur Aîné, craignant de me deplaire, ét recherchant en-tout mon ap-