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acause d’Urſule, dont on lui avait-parlé, dans le Bourg ; ét l’ayant-trouvée encore mieus, elle la demanda pour l’enméner avec elle, promettant d’en-prendre bien-ſoin, ét de la traiter comme ſa Fille. Notre bonne Mère, tant qu’elle crut que la Dame ne parlait pas ſérieusement, y accordait de-bonne-grâce, en-riant ; mais notre reſpectable Père, lui, qui connaiſſait-bién l’honnête Dame, y-alait tout-de-bon : Et quand notre Mere vit que la Dame fesait déja les arrangemens, ét qu’elle ne-badinait-pas, elle ſe-prit à-pleurer, au-point qu’il falut laiſſer Urſule : ce que notre Père ne-trouva-pas-bon ; ét pourtant il ne-voulut-pas lui faire le chagrin delui ôter de-force Une de ſes Enfans, mais ſouvent il en-parlait : ét c’eſt pourquoi jamais notre Mère ne-ſ’eſt-depuis-oposée au départ d’Edmond ét d’Urſule, quand il a-été-queſtion de les envoyer à la Ville : car cette humble ét modeſte Épouse ſe-ſouvenait de ce que lui-avait-dit ſon Mari en-cette ocasion ; ét elle regardait comme une chose très vilaine ét vicieuse, qu’étant famme, ét de-droit ſubordonnée, elle alât contre les volontés de l’Homme, qu’elle regardait comme ſon ſeigneur, ét auquel elle fesait-profeſſion d’être-ſoumise, non de-parole ſeulement, mais d’effet, comme