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de former : je me plaisais à penſer : Cette Famme genereuse, qui me comble de ſes bontés, ignore que Je veus les reconnaitre au prix de ce que j’ai de plus-chèr… Je veus… aſſurer ſon repos ;… empêcher que des ſoupçons… penibles ! n’empoisonnent ſes beaus-jours en-devenant le gardién… de ſa Rivale… Oui, c’eſt vous, vous-ſeule, peutêtre, qui avez-rendu Manon mon épouse. Je l’aime, je la cheris peutêtre uniquement parce qu’elle eſt votre cousine, ét qu’elle m’a-communiqué le droit de vous donner ce titre, plus-glorieus pour moi que celui de Prince… — Edmond, ce langaje part-il du cœur ? (a-dit l’aimable Famme.) — Eſt-ce à vous que je mentirais, Madame ! Voila ma Famme, voila ma Sœur, Tiénnette eſt mon amie, ét voici ma Protectrice, ma Deeſſe tutelaire, à qui j’aurais-ſcrupuleusement-obeï, ſi l’Epouse que j’ai-prise n’avait-pas-été de ſon ſang. — J’aime à craire à la generosité, Monſieur : (ét ſe-jetant éperdue dans les bras d’Urſule :) Voi comme il flate mon cœur, même en-me-contrariant au-point que tu ſais, ma Fille… Ô Edmond ! que vous me causerez de peine !… Mais, je m’égare !… Les motifs qui vous ont-determinés ſont-louables ; ét, au-fond, pourquoi Manon ſerait-elle plus-coupable que… (Je ne fais pas ce qu’elle a-ſousentendu ; car ſ’interrompant elle-même, elle a-dit :) — Urfule, embraſſez votre Sœur-. Ce mort nous a-remplis d’une joie ſi-vive, que