Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/25

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Or il faut ſavoir qu’il y-avait dans notre Famille, du temps qu’elle était noble, un usage particulier qui me-paraît beau ! Il a-éte-longtemps-interrompu ; mais notre Père ſe-voyant de nombreus Enfans, il le renouvela : C’eſt que l’on y-mettait chaque Sœur ſous la garde particulière d’un Frère, chargé de la defendre, de veiller ſur ſa conduite, de l’établir, ſi le Père était-decedé, dela preserver des Seducteurs ; & après le mariage, de la raccommoder avec ſon Mari, en adouciſſant ce Dernier, ou de la punir, ſi elle était coupable. Cette mise-en-protection ſe-fesait ſolennellement, toute la Famille ét tous les Amis aſſemblés : ét ce fut ainſi que notre Pére la renouvela :

La veille du depart d’Edmond pour la Ville, ayant-invité à ſouper tous nos Parens, avant de ſe-mettre-à-table, il dit, qu’il entendait retablir entre les ſix Garſons & les huit Filles que Dieu lui avait donnés, un ancién usage, tombé en-inobſervance, depuis les guerres-de-rgligion : Puis me regardant, moi ſon premier-né, il me dit : — Pierre mon fils-aîné, je declare devant ces honorables Parens ét Amis, en-ce-moment-de-ſeparacion, que je mets ſous ta garde fraternelle tes deux Sœurs Brigitte ét Marian-