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On doit du reſpect à une Famme-mariée ; ét c’eſt y-manquer, que de lui parler de ſes attraits, si elle en-a. — Mes ſentimens ſont-tendres ét réſpectueus ; vos bontés ét vos attraits, je ne ſepare rién : — Demeurons-en-là : ce n’eſt pas un manége de Coquette : prenez les ſentimens qui vous conviénnent, comme je les ai-pris : Edmond, je vous aime, ét vous ſaurez biéntôt dans quelles vues : je me flate de pouvoir faire votre bonheur par des moyéns ſûrs ; mais j’attens, pour vous les decouvrir, que votre âme ſait moins-flotante. Hé ! plût-a-dieu, que je puſſe fixer l’irresolution où je vous vois ! — L’irresolution ! je n’en-ai plus, madame… Mes Sœurs ét Tiénnette ſ’étant-approchées alors, m.me Parangon ſ’eft interrompue pour leur repondre ſur quelque-chose ; enſuite elle ſ’eſt-levée ; elle a-marché en-boitant unpeu. J’étais-preſque-charmé de ce petit accident, ét tu ſens pourquoi ; elle était-obligée de ſ’appuyer ſur mon bras, Nous ſommes-rentrés.

Dans la maison, autre ſcène, chèr Mentor. M.me Parangon ét ma Sœur ſe-ſont-retirées dans leur chambre. Audeſſus eſt un reduit, où je ſavais qu’il ſe-trouve une petite ouverture : je m’y-ſuis-gliſſe le-plus-adraitement poſſible, ét ſans bruit. J’ai-perdu les premiers mots de la converſation ; mais voici comme la belle Dame repondait : — Non, ma Fille : je n’oublierai jamais que je ſuis-mariée ; les écarts de mon Mari n’autoriseraient pas les miéns, je le ſais trop : mais je