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miénne, vous alez voir ! — On pourrait plus mal rencontrer ! je connais un Objet qui efface tout ce qui pretend briller à-côté de lui : que pourront les Abſentes ? — Je ne vous entens pas, Edmond. — Je le crais, Madame ; ce queje dis eſt doublement inintelligible pour vous. — Hé ! d’où-viént donc le dire ? — C’eſt, Madame, que Je desirerais que vous m’ordonnaſſiez de le rendre plus-clair-. Dans ce moment ſon piéd a-tourné ; elle a-fait un fauspas ; je lai-retenue en-la ſoulevant dans mes bras : une jouiſſance ne vaut pas ce que j’ai éprouvé ; je ne pouvais me resoudre à la poser à terre. Un regard (j’ai-cru que la Pureté-même l’avait-lancé) un regard noble m’a-imposé ; je l’ai-timidement-priée-de ſ’aſſeoir. Elle l’a-fait, parcequ’elle reſſentait une petite douleur, Je lui ai-laiſſé voir combien je craignais que cela n’eût des ſuites : un aimable ſourire m’a-raſſuré. J’ai-touché ſon piéd ; je l’ai-remué. (Ah ! l’Ami ! de ma vie, je n’ai-rién-éprouvé de pareil : cette Famme eſt tout-charme, tout-feu, toute-âme de la tête aux piéds !) Je n’osais aler trop loin, intimidé par ce regard… quoique j’entrevîſſe dans ſes ïeus un embarras qui n’avait rién de ſevère. Mous avons-repris notre converſation.

— Vous voudriez me faire-entendre (c’et elle qui parle) que Laure ne vous a-plu que mediocrement ? Je vous avais-cru épris ? — Il y-a dans mon cœur, madame, un obſtacleà l’attachement dont vous parlez. — Tant-pis ! je m’intereſſais à Laure… — Vous-vous-