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Je ne desapprouve pas que ma Bellemère ait-mis ſes fonds en-argent-comptant, ét que tu travailles en-mon nom à l’acquisicion de ce joli bién, proche le couvent des Benedictines. Les prés, les terres-à-bléd, les moulins-à-écorce ét à-farine, avec l’enclos en-vignes ét en-vergers peuvent rapporter, ſuivant ce qu’on m’en-a-dit, troismilleſixcents-livres ; c’eſt pluſ-que l’interêt de notre ſommes ; ainſi, tu peus conclure à ſoixantedixmille-francs, avec un honnête pot-devin, puiſque m.me Paleſtine dit qu’elle en-a ſoixantequinze-mille de reſte chés ſon Notaire.

Quand je ſonge à à tout ce que cette Dame a-fait pour moi, je ne ſaurais m’empêcher de m’accuser d’ingratitude ; je manque à ſa Fille, en-conſideration de laquelle cette bonne Mère me cède toute ſa fortune !… M.r Parangon nous a-plûs-fait de mal, à mon Épouse ét à moi, qu’on ne ſaurait-craire[1] ! J’en-veus à Tous-ceux qui m’ont-inſtruit : pourquoi l’avoir-fait ? ſans eux, je me-fuſſe-reſpecté davantage… Oui, ma Famme eſt une imprudente ; m.me Parangon… oh ! pour celle-là, telle chose qu’elle faſſe, je ne ſais quoi me-dit qu’elle eſt-fondée : mais j’en-veus à m.lle Tiénnette, à m.r Loiseaus ; je tâche d’en-vouloirà ma Sœur ellemême… Cependant ou eſt le tort d’Urſule ? Je ſuis de-mau-

  1. Voila un trait de lumière, qui penètre le cœur d’Edmond : il en-a ſouvent de pareils ! ce ſont des lueurs qui éclairent ſa turpitude, ſans le corriger.