Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’à cela ne tiénne ! — Votre bonne-verité ? — Pourquoi non ? n’êtes-vous pas aimable ? ne ſommes-nous pas égaus ? — Si vous me le promettez… — Je vous le jure. (Je ne ſuis pas mal ſcelerat, comme tu vois : hem ! qu’en-dis-tu ? J'ai cependant des remords ; cette vie-là ne conduit pas dans la voie étraite) ! — Je puis donc vous craire ? — Ba ! ma chère Laure ! me regarderiez-vous donc comme un fourbe ! — Je ne dis pas ça. — Ai-je-donné lieu à ces injuſtes ſoupçons ! — Nenni, nenni, mon Cousin ; ét je me-ſouviéns que nous-nous-aimions-bién dans notre jeuneſſe. — Vous ne me jugez donc pas capable de vous mentir ? — Eh ! mondieunon ! — Il faut me montrer que vous me-crayez vrai ? — Je vons le montrerai quand il vous plaira-. Je l’ai-prise-au-mot ; elle l’eſt-defendue : j’ai-fait-ſemblant de me rebuter ; des larmes perfides ſont-tombées de mes ïeus ; j’ai-dit qu’elle ne m’aimait pas, L’aimable Enfant ſe-tuait de me raſſurer : enfin elle eſt-devenue douce comme une petite Brebiette[1] ; ét ce n’eſt que de ce moment que je puis me-flater de l’avoir-ſeduite. Je ne ſuis-pas-diſposé à la quitter comme cela ; ce petit Tresor m’attache ; enverité le goût qu’elle m’inſpire eſt ſi-vif, que ſ’il continue… Je verrai la tournure que tout-cela va prendre. Si j’alais m’en-entêter ?

  1. Il n’eſt peutêtre pasmal que les Jeunesfilles lisent de ces traits, devenus ſi-frequens, [L’Éditeur.