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elles. Je crais mafoi qu’elle donne à la maison-paternelle ce charme qui ne quitte jamais Colette-C★★ ; je me trouve ici, avec elle, auſſi-bién qu’à la Ville ; j’y-paſſerais mes jours… Mais ſais-tu-bién, malgré tes plaisanteries, que je trouve pour-le-coup deplacées, que mon aimable Maitreſſe (j’aime è l’appeler ainſi en-t’écrivant), me-fait-craire à la vertu des Fammes ?… Que voulais-tu-dire, l’autre-jour, avec ton rire endeſſous, lorſque je te parlais de ſon tendre attachement pour Urſule ? Je t’avoue que je ne t’ai-pas-compris. Mais, quoi-qu’il-en-ſait, le respect que je reſſens pour m.me Parangon, eſt un plaisir pour-moi : je n’en-ai pas davantage à aimer Manon, qu’à reſpecter la vertueuse Colette.

Je ne diſconviéndrai pas, cher Père, que la fête, ét la joie qui l’anime, n’aient-fait quelqu’impreſſion ſur mes ſens. Et tu ne devinerais pas quel eſt le premier Objet que l’Amour a-choisì pour les remuer ? une Beauté ſeduisante ; une Jeune-perſone modeſte, naïve ét pure, couronée de fleurs ; ma Belleſœur enfin : non que j’aye-desiré un-ſeul-moment d’obtenir quelque-chose de Celle qui le-donne à mon Frère (la penſée m’en-ferait horreur !) mais elle m’a-plu ; mais j’avais un plaisir infini à-danſer avec elle, à-l’entretenir. Je ne l’ai-embraſſée qu’une-fois, parceque j’ai-ſenti que je le fesais avec trop d’émotion. Ne va pas repeter toutes ces folies à ma Famme ! d’ailleurs ce ſentiment n’a-pas-duré. Une