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ſait à lui pour elle. Mais m.lle Fanchette eſt bién-jeune !… ſi c’était l’Ainée qui fût encore fille… J’ai-l’autre-jour-lâché ce mot-là devant Edmond. Oh ! ſi tu avais-vu ſes ïeus ! ils auraient-mis le feu à de l’amadoue, comme ils ont-brillé. Le Gaillard ! il lui en-faudrait !… Mais pour revenir, la petite m.lle Fanchette C★★ eſt bién-jeune, ét l’Ainée eſt bién-belle ! ét m.lle Manon eſt bién-piquante, comme on dit ici ; je ſens que mon Frère (qui eſt auſi le tién) doit-être bién-embarraſſé ! ét enverité, je crais qu’il ne l’eſt pas pour unpeu, ma chere Fanchon ! ét plûs je l’étudie, ét plûs je crais qu’il l’eſt, ét qu’il doit l’être. Je m’en-ſuis-ſouvent-apercue, ét ſurtout hièr, qu’il vit paſſer m.lle Manon, ét qu’un-petit-moment après il regarda m.me Parangon, qui deſcendit vers nous ; dans un inſtant où elle tournait le dos, il porta ſa main à ſon front, avec un regard ! un geſte !… comme ſ’il avait-dit, Oh ! que ne puis-je !… Dumoins voila comme j’entendis ça…

Je te dirai auſfi, pour ne te rién cacher, qu’un de ces jours, comme j’alais dans la chambre de m.me Parangon, j’y-ai-trouvé ſon Mari, aulieu d’elle : j’en-ai-veritablement-eu-peur, ét j’ai-fait un ah ! de frayeur : Il ſ’eſt-mis à-rire, ét m’a-dit : — Ah-ah ! vous avez-peur de moi ! je ne vous aurais-pas-embraſſée, mais vous le ſerez, pour vous apprendre-… Oh ! comme il embraſſe ! quel Homme ! je l’aurais-batu, ſi je l’avais-osé. La pauvre Manon ! comme elle a-dú ſouffrir