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dumoins tant que la jeuneſſe durera, ét il y-a loin d’ici qu’elle ceſſe, Dieu-merci ! Je regarde ici, que m.me Parangon eſt-mise comme ſi elle était fille ; c’eſt une propreté, un ſoin !… ét ça fait beaucoup, chère Sœur : car enfin, ſi une Famme eſt-negligée dans ſes habits ét la propreté ſur elle, tout le monde la laiſſe-là ; aulieu que Celle qui eſt plaisante, agreable, comme m.me Parangon, porte l’agrement ét la joie partout où elle daigne ſe-montrer. Je te dirai que cette jolie Dame me-paraît trèsbién-diſposée pour mon Frère ét pour moi, mieus que je ne ſaurais te l’écrire : mais je t’expliquerai ça de bouche, à notre entrevue prochaine ; car enfin elle eſt prochaine cette fête tant desirée !… Je te dirai auſſi, que j’ai-vu m.lle Manon ; ſans qu’elle me-vit : C’eſt enverité une jolie Fille ! quel dommage !… Mon Frère la regardait, ſans ſavoir que je l’examinais ; Je ne l’en-crais pas ſi-degoûté qu’on crairait bién, ét que m.me Parangon le penſe ; car il la regardait, ce-me-ſemble, avec bién du plaisir ! Je ne ſais pas, mais cette Fille-là eſt trèsaimable, ét ſi j’étais garſon, il me-ſemble qu’une figure comme-ça me ferait oublier bién des choses !… Mais je ſuis famme, ét les Hommes ne ſont pas ſi-indulgens que nous[1]. Quant à m.me Parangon, elle a, je crais, des vues fort-avantageuses pour mon Frère, ét je lui ai-entendu parler de ſa jeune Sœur, qui doit-venir ici, comme ſi elle pen-

  1. Ils le ſont beaucoup-plus pour les Fammes, que Celles-ci ne le-ſont les Unes pour les Autres. [L’Éditeur.