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elle ſe-mit à leur-dire : — Vous riéz de ſa timide innocence, ét peutêtre un jour pleurerez-vous de l’audacieuse inſolence d’un Petitmaître -! Et elle promit à nos Parens de ſ’intéreſſer à Edmond : Ét pendant que notre Mère careſſait m.lle Fanchette-C★★, la plus-jeune des deux Sœurs, ét lui fesait de petits présens, m.me Parangon ſ’informait du caractère d’Edmond à notre Père ; qui lui conta, Comme cet Enfant était-ſenſible, obligeant, mais vif, ét même emporté : — Il a ſeize-ans, continua-t-il, ét eſt tel que le jeune David, lequel gardait le troupeau de ſon Père Isaï ; car Edmond a-auſſi-gardé le nôtre : La paſſion-orageuse eſt-calme encore en-lui : ét le puiſſe-t-elle être longtemps ! à-cause de ſa grande ſenſibilité-d’organes, qui, d’autre-part, me fait-eſpérer qu’il reuſſira : Il aime la lecture, ét il ſait la ſainte-bible parcœur : ét quant au latin, il l’entend, et même unpeu le grèq ; ét m.r le Curé dit, que c’en-eſt aſſés pour ce qu’il doit faire-. M.me Parangon fut trèscontente de cette explication, qu’Edmond n’entendit pas, car il était ſur la porte à regarder le monde. Et nos bons Parens ſ’en-revinrent tout-joyeus de la reüſſite de leur demarche.

Toutauſſitôt qu’on fut-ſûr, on prépara ce qu’il falait pour équiper Edmond : no-