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m’humiliait, ét comme elle me-livrait aux remords ! Nous-nous-rendons enfin à l’église ; il était une heure ; Perſone que nous ét nos Temoins : nous pouvions parodier le mot de Denis : Voyez comme les Dieus favorisent le manége des Fourbes ! Quand je penſe à tout cela, je ne ſaurais m’empêcher de voir une deſtinée que je ne pouvais éviter. Eh ! qu’aurais-je fait ? Manon, il n’en-faut pas douter, alait ſe-donnerla mort ; j’ai-vu le couteau levé ſur ſon ſein… ét comme vous l’avez trèsbién-dit, j’aurais-été la cause de ce malheur. Enfin, elle eſt ma famme : c’eſt un ſecret à garder quelques années peutêtre ? Ma plus-grande peine eſt de me-cacher de mon premier Ami, mon Frère… mais il le faut bién… Je vous remercie de la bonté que vous avez-eue d’accepter la direction des conſciences du Monaſtère où la Mère ét les deux Filles ſe-ſont-retirées : c’eſt une conſolation pour moi, dans l’éloignement auquel j’ai-voulu me-condamner, de vous ſavoir-à-portée d’entretenir ſouvent mon Épouse. Adieu, chèr Père ; ſervez-nous-en à tous-deux.


41.me) (Reponſe de D’Arras.

[Hiſtoire de D’Arras ou Gaudét : ét ce qu’il ſe-propose de faire à-l’égard d’Edmond.]

1750.
29 novemb.


Ton mariage eſt-fait, mon chér Edmond : mais j’ignore fi je dois m’en-rejouir ou m’en-affliger : Si le malheur qui viént de m’arriver,