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de cet accident me-fesait-fremir. Tant que je ne dis pas ce motif, on fut-preſſant, mais avec quelque menagement pour ce qu’on nommait les ſcrupules d’une Novice : mais dès que j’eus-láché le mot, ét fait-connaître le motif qui ſeul me-retenait, je fus-perdue. C’eſt peutêtre la plus-grande imprudence que puiſſe faire une Fille, que de ſe-mettre derrière ce faible retranchement. Eneffet, quand on eut-penetré la cause de mes refus ét que la vertu n’y-entrait pour rién, on ne tarda pas à me-parler des moyéns d’éviter ce que je craignais. On n’eut-garde de me-proposer ces moyéns dangereus qui exposent la vie, ét qui m’euſſent-revoltée ; on me-parla de quelques autres, ét j’eus le malheur, ou plutôt l’indignité de me-rendre : car je ne pretens pas attenuer ma faute, en-disant… qu’on employa la violence,… quoique… ce ſait la verité, puiſque j’ai-conſenti par la fuite.

Mais biéntôt je m’aperçus que les precautions criminelles étaient-ſouvent-oubliées ; je tremblai ; je refusai toutafait de me-prêter à ce qu’on voulait de moi. Ce fut dans ces circonſtances qu’il vint chés mon Seducteur, un jeune Élève, dont l’aimable ſimplicité, fournitr à l’Homme que mes refus deseſperaient » un nouveau moyén d’en-triomfer. Ce Jeune-homme était le même que j’avais-vu à V★★★, ét qui m’avait-dèſlors-intereſſée. Mon Séducteur ſ’était-preſſé de demander ce Jeune-homme à ſes Parens, dans la vue ſans-doute